Quand j’ai rencontré Robert Greene en 2009, j’ai été beaucoup séduit par le personnage. Cultivé, parlant parfaitement le français, etc. On a passé une belle après-midi ensemble à Los Angeles et toute l’équipe des éditions Leduc garde un excellent souvenir de son passage à Paris.
Nous avons bien sûr discuté du livre qui sortait à l’époque aux USA : the 50th Law (que nous avons traduit par la 50e loi).
Le nègre
Robert m’a expliqué que 50 cent, comme beaucoup de membres de la communauté noire, avait lu les 48 lois du pouvoir et en était un grand fan. Il faut dire que ce livre est un mythe dans certaines communautés, en particulier dans le milieu hip hop.
Au départ, 50 cent avait contacté Robert dans l’intention de l’embaucher comme “gost writer” pour le livre qu’il projetait d’écrire. A la fin du premier rendez-vous, ils ont choisi de l’écrire ensemble, c’est ce qui a donné la 50e loi.
Comme notre entrevue était pour Robert Greene une occasion de pratiquer son français, il m’a demandé comment traduire “gost writer”. Sur le moment, la question m’a fait sourire et je me suis amusé à lui expliqué qu’en France, on dit “un nègre”. Dans cette situation, ça ne manquait pas d’ironie.
Le fantôme
J’ai bien vu que Robert était choqué et avec du recul, j’ai compris pourquoi. C’est un mot qui aux USA a peut-être une connotation encore plus péjorative que dans l’hexagone mais je crois maintenant que nous ne pouvons pas continuer à appeler ainsi ceux qui aident certains auteurs à boucler leur manuscrit.
Alors j’ai cherché. A un moment, j’utilisais l’expression anglo-saxonne “ghost writer” mais ça fait un peu snob, vous ne trouvez pas ? J’ai tenté avec la traduction littérale : écrivain fantôme mais là, ça fait comique (je ne peux m’empêcher de penser aux chasseurs de fantôme 😉
Du coup, je propose l’expression d’écrivain de l’ombre. Je n’ai pas trouvé mieux, et vous ?
Un Monsieur que tu connais bien mieux que moi m’a longtemps surnommée “La négresse blonde”. J’aime bien “écrivain de l’ombre”. “Partenaire de plume ?” “Sage-femme de l’écrit ?” Peut-être trop poétique… “Guide en écriture ?” ou plus pudique, “conseil en écriture”…
Hello Claire,
Négresse blonde a un effet comique (ça passe quand il s’agit de toi ;-))
J’aime bien l’ombre, ça fait armée des ombres, la résistance et tout ça 😉
Quel plaisir de te relire enfin ! J’aime beaucoup l’idée de l’écrivain de l’ombre ayant été moi-même tout à fait volontairement une femme de l’ombre dans mon job car détestant l’exposition.
Autre idée que je te soumets: “la plume virtuelle”. Plume dans le sens noble du terme s’entend. Biza+
Merci Elisa 🙂
Je suis d’accord avec “plume” mais le problème avec “virtuel” c’est qu’on ne sait pas si elle existe vraiment 😉 Alors pourquoi pas “plume de l’ombre”
Pas mal le mélange des 2. A toi de voir. mais “virtuel” c”était volontaire car pour l’auteur reconnu le “nègre” ou “ghost writer” lui ne doit pas du tout exister. C’est la loi du genre…
Enfin, je rencontre quelqu’un qui pense comme moi la plume à la main. Je suis des antilles vous pensez bien que je ne serai jamais d’accord avec ce terme “le nègre de l’écrivain” qui remet en mémoire la colonisation pire encore à l’esclavage.” Ecrivain d’ombre” ce n’est pas mal. Comprenez aussi ma gène qui j’ai vu ce grand panneau publicitaire de France ô sur lequel était écrit ; je n’ai pas de nègre pour écrire. SOS raciste me répond : qu’il comprenait ma sensibilité mais ce n’est pas attaquable car c’est dans le larousse. Le terme : “travailler comme une nègre” n’a t-il pas été aboli et le gateau tête de nègre ne s’appelle plus ainsi. Bravo à vous car les choses peuvent changer tout simplement en les changeant. Merci
Enfin, je rencontre quelqu’un qui pense comme moi la plume à la main. Je suis des antilles vous pensez bien que je ne serai jamais d’accord avec ce terme “le nègre de l’écrivain” qui remet en mémoire la colonisation pire encore à l’esclavage”. “Ecrivain d’ombre” ce n’est pas mal. Comprenez aussi ma gène quand j’ai vu ce grand panneau publicitaire de France ô sur lequel était écrit : je n’ai pas de nègre pour écrire. SOS racisme me répond : qu’il comprenait ma sensibilité mais que ce n’est pas attaquable par la justice car c’est dans le larousse. Le terme : “travailler comme un nègre” n’a t-il pas été aboli et même punissable par la loi et le gateau tête de nègre ne s’appelle plus ainsi. Bravo à vous de vous êtes interrogé sur ce terme, les choses peuvent changer tout simplement en les changeant. Merci