C'est un de nos coups de cœur aux éditions Leduc : Le Film Club. L'auteur, David Gilmour y raconte comment il s'est rapproché de son fils à un moment particulièrement sensible de l'adolescence.
David Gilmour nous résume cela dans cette vidéo, et c'est en français. David sera à Paris fin avril, juste avant le festival de Cannes et ce sera une belle occasion pour parler cinéma.
En résumé, David Gilmour comprend que son fils Jesse déteste l'école et qu'il faut trouver une solution avant que l'échec ne soit définitif. Il décide de lui faire arrêter l'école à condition qu'ils regardent ensemble trois films par semaine. Le cinéma est un bon prétexte pour passer des moments ensemble et c'est aussi la trame de fond du livre qui donne envie de voir ou revoir des dizaines de films parmi lesquels (choix personnels) Docteur Folamour, La Vie est belle, Jackie Brown, Certains l'aiment chaud, etc.
La liste complète des films est ici : Téléchargement Liste-film-club C'est également une dimension intéressante du livre, l'auteur connaît tellement bien le sujet que l'on peut pour ainsi dire le lire comme une histoire du cinéma mondial.
Ce livre m'a beaucoup touché (C'est sans doute parce que je n'aimais pas non plus l'école. Moi ce sont les livres qui m'ont sauvé…) et il touchera, j'en suis sûr, tous les fils, les pères, et celles qui vivent avec eux (plus les cinéphiles bien entendu ;).
Un autre vidéo avec le père et le fils qui parlent ensemble du livre (cette fois ci, c'est en anglais), une belle complicité entre deux hommes.
Un extrait du livre :
« Alors, est-ce que tu as réfléchi à ce que nous nous
sommes dit ? » demandai-je.Je voyais bien qu’il avait envie de se relever, mais cela lui était impossible. Il regarda tout autour de lui, comme si cette contrainte l’irritait. Puis il approcha son visage pâle du mien, comme pour me révéler un secret. « La vérité, chuchota-t-il, c’est que je ne veux plus jamais voir une salle de cours de toute ma vie. »
Mon estomac se noua. « C’est d’accord, alors. »
Il me dévisagea, le souffle coupé. Il attendait la contrepartie du donnant-donnant. « Juste une chose, dis-je. Tu n’auras pas à travailler, tu n’auras pas à payer une partie du loyer. Tu pourras te lever tous les jours à dix-sept heures si tu veux. Mais pas de drogue. Enfreins cette règle, et le marché tombe à l’eau.
– D’accord, répondit-il.
– Je suis très sérieux. Je te balance un immeuble entier sur la gueule si tu tombes là-dedans.
– D’accord.
– Une dernière chose », ajoutai-je. J’avais un peu l’impression de jouer à l’inspecteur Columbo.
« Quoi?
– Je veux que tu regardes trois films par semaine avec moi. C’est moi qui ferai la sélection. C’est la seule instruction que tu recevras.
– Tu te fous de moi», finit-il par dire au bout d’un moment.
Je ne perdis pas de temps. Dès le lendemain après-midi, je le fis s’asseoir sur le canapé bleu du salon, moi à droite, lui à gauche, je tirai les rideaux, et lui fis voir Les Quatre Cents Coups de François Truffaut (1959). Je m’étais dit que c’était une bonne introduction au cinéma d’art et d’essai européen, films qui, je le savais, l’ennuieraient jusqu’à ce qu’il ait appris à les regarder. Apprécier ces films, c’est comme apprendre une exception en grammaire.
Extrait du Film Club, David Gilmour.